Liquider de manière progressive les investissements les plus prometteurs peut sembler contre-intuitif. Malgré tout, il s’agit d’une stratégie que certains investisseurs en capital-risque préconisent pour réduire le risque global du portefeuille. De cela s’ensuit une restitution du capital aux investisseurs. Ce faisant, ils peuvent conserver la possibilité de tirer profit en partie des succès des plus performants.
Dans le domaine du capital-risque, il était commun de retenir les entreprises les plus performantes pour maximiser les profits. Toutefois, cette stratégie présente des défis notables. D’après Xavier Lorphelin, cofondateur de Serena Capital, cette méthode entraîne des retards dans la distribution des rendements aux investisseurs et augmente les risques pour le portefeuille. Amplifiée par d’autres éléments externes comme la pandémie, la nature imprévisible des trajectoires de croissance d’entreprises rend difficile la prévision des performances. Il importe donc de sélectionner une approche plus équilibrée pour les investisseurs. Cela implique de se séparer (totalement ou partiellement) de certaines entreprises, afin de créer de la liquidité pour une stabilité à long terme.
De l’early Stage à la liquidité
Serena Capital a mis en place une stratégie qui consiste à investir dans des startups en phase de démarrage (ou en early stage). Si une startup est performante, l’entreprise vend une partie de ses parts à d’autres investisseurs spécialisés dans les startups plus matures. Dans le cas contraire, Serena se retire simplement.
Le but de cette stratégie permet surtout de dérisquer l’investissement. C’est le même principe qui anime un indépendant à optimiser ses coûts et effectuer le calcul charges.
Le VC peut ainsi réduire le risque de perte financière et créer de la liquidité. Le but étant de récupérer de l’argent pour investir dans d’autres entreprises en démarrage. Cela peut également permettre d’accueillir de nouveaux investisseurs spécialisés en late stage.
Pour les sociétés performantes et visibles, cette approche fonctionne, car elles attirent l’attention des investisseurs. Pour le cas des startups non performantes, cette stratégie permet quand même à Serena :
- De limiter ses pertes :
- De se concentrer sur les startups les plus prometteuses.
À noter que Serena investit en « lead », signifiant qu’elle est le principal investisseur dans une startup. En général, l’entreprise détient 10 à 15% du capital des startups dans lesquelles elle investit. Actuellement, elle a déjà effectué deux opérations de secondaire sur Dataiku, la plateforme unifiée de Data Science :
- Avec CapitalG le fonds corporate de Google en 2019 ;
- Avec Eurazeo, Dawn Capital et Lightrock en 2021.
Du TVPI au DPI chez Serena Capital
Limited Partners (LPs) ou General Partners (GPs), la performance d’un fonds d’investissement peut être évaluée en considérant le calcul des charges. Cela est d’ailleurs effectué à travers le Multiple on Invested Capital (MOIC). Celui-ci représente un ratio permettant de comparer la valeur actuelle du portefeuille d’un fonds à son prix initial.
Par contre, actuellement, l’importance est donnée aux « produits réalisés », ainsi qu’aux sommes distribués aux investisseurs. Autrement dit, ils accordent davantage un intérêt aux profits réels générés par le fonds et aux liquidités reçues.
Dans le cas de Serena Capital, l’indicateur utilisé pour les fonds d’investissement était le Total Value to Paid-In Capital ou le TVPI. Il s’agit d’un multiple regroupant l’intégralité de la valeur du fonds qui est comparé à la valeur des financements effectués.
Xavier Lorphelin continue même que :
« […] Le TVPI additionne donc de la performance effective et de la performance potentielle, là où le DPI se concentre sur la performance effective ».
Récemment, Serena est aussi attentif à un autre ratio, le Distribution to Paid-In ou DPI. Ce dernier constitue en effet un indicateur important pour les fonds d’investissement. Ce ratio permet de mesurer la performance d’un fonds en fonction des liquidités qu’il a rendues aux investisseurs.
Serena Capital restitue les liquidités à ses investisseurs en visant un DPI de 100% entre 8 et 9 ans après l’investissement. Pour les investisseurs individuels, le DPI reste quand même un indicateur moins familier.
Ils sont plus habitués à des indicateurs comme :
- Le taux de rentabilité interne (le TRI) ;
- Les multiples effectifs.
Toutefois, les priorités des fonds d’investissement restent semblables, celui de générer des profits pour les investisseurs et de leur fournir des liquidités.
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